Cette sombre histoire d’enfance, librement adaptée pour la BD du roman éponyme d’Anne Sibran, retient l’attention et suscite l’émotion. La petite fille découvre un jour qu’elle sait voler. Voler réellement dans le ciel avec les oies. Ce don lui permet d’échapper à la réalité de sa vie, fort sombre : son boucher de père couche la nuit avec sa petite soeur. L’horreur devenue trop lourde à porter, elle ne parvient plus à voler. Un doux dingue amoureux d’oiseaux lui prodigue enfin un peu de tendresse mais tous deux sont enfermés à l’asile.
Après Là-bas, adaptation d’un autre roman d’Anne Sibran, qui traite de l’Algérie, Tronchet signe là une oeuvre pleine de sensibilité où son dessin, volontairement plus naïf – trait épais et couleurs fortes – gagne en puissance onirique. Pas ou peu de bulles dans ce roman à la fois graphique et littéraire mais un long récitatif manuscrit, finalisé par la romancière elle-même. Une réussite.