La « vieille », cloîtrée dans son appartement, s’est aménagé une tanière et des tranchées au milieu d’un tas d’immondices. Une nièce qui la ravitaille essaie vainement de la faire sortir de son repaire, tout comme l’assistante sociale que la vieille dame mord sauvagement, et les voisins qui menacent de faire intervenir les pompiers. Son seul lien avec le monde ce sont les bruits de l’immeuble et le spectacle des faits divers de la rue. Elle est en proie aux hallucinations, à la peur, aux bouffées récurrentes de souvenirs, elle divague… Le titre fait allusion à ce que les médecins appellent le « syndrome de Diogène » caractérisé par une grave incurie et la syllogomanie, un TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) qui consiste à amasser toutes sortes d’objets hétéroclites. Ce court roman, première oeuvre d’Aurélien Delsaux, dépeint ce dérèglement à son paroxysme. Il rend émouvante « cette vieille, perdue, sale, puante, engluée dans les choses, qui ne sait plus ce qu’elle fut, qui ne sait que l’oubli et l’angoisse », taraudée par le désir inassouvi de retrouver le vert paradis de son enfance. Le style descriptif est travaillé, nerveux et prometteur.
Madame Diogène
DELSAUX Aurélien