Magma Tunis

Tunis, 2015. En panique parce qu’il a tué sa maîtresse, tenté par le suicide, Ghaylène fuit le lieu du drame. Dans les rues l’atmosphère est bizarre : partout des chats énervés, des poubelles renversées, des travaux. Un type louche le suit. Des commerçants viennent de voir son amie, vivante. Un copain croisé par hasard l’entraîne dans la Médina où se déroule une manifestation d’art contemporain. Soudain il croit reconnaître devant lui la silhouette de Chiraz, la jeune morte, accompagnée d’un homme. Il se lance à leurs trousses.  Le premier roman d’Aymen Gharbi est articulé en trois actes qui le font évoluer de la tragédie d’un triangle amoureux classique à un final inattendu et paroxystique digne d’un film d’action excentrique et survolté. L’histoire fantasque de Ghaylène et de ses amis compose le portrait d’une jeunesse tunisienne en perte de repères et de valeurs, entre espoir et désespoir, à la recherche de l’élan perdu après le printemps arabe. Tunis est le personnage-décor central, sous des couleurs inhabituelles, ni solaires ni touristiques, symptomatiques de l’atmosphère étrange qui électrise les protagonistes. L’auteur maîtrise un dosage subtil entre second degré et observation poétique, ironie froide et bouillonnement burlesque. Roman riche, hypnotique, déconcertant et attachant.  (T.R. et C.B.)