De profondes fractures séparent le monde ancien du nouveau. Les bouleversements économiques ne sont pas seuls responsables car le contexte culturel a changé après mai 68. Si l’individualisme contemporain affranchit des contraintes traditionnelles, il isole l’individu qui se replie sur réseaux éphémères. L’enfant tant désiré devient un tyran fragile. Chômage de masse, déshumanisation du travail et pression managériale engendrent désaffiliation ou stress. Les médias répandent le mythe d’une société universelle, détachée des nations, centrée sur le sentimentalisme et l’ego – au détriment de références objectives et fédératrices. Jean-Pierre Le Goff est écrivain, sociologue et philosophe (La barbarie douce, NB mars 2000). Il cherche inlassablement à comprendre comment on en est arrivé là. Face au terrorisme islamiste surgissant dans un monde où tout est relatif donc dévalorisé, la « démocratie rêvée des anges » est en plein désarroi et doit se réapproprier son héritage historique pour forger le sentiment d’appartenance nationale et l’identité européenne. Ce qui suppose de dialoguer sans stigmatiser l’autre et, pour les politiques accusés de démagogie, d’assumer leurs responsabilités. Les pistes proposées en conclusion sont très – trop ? – générales. Mais l’ouvrage, accessible, documenté, est perspicace et salutaire. (L.G. et C.R.P.)
Malaise dans la démocratie
LE GOFF Jean-Pierre