Manger dans ta main

Luisa, la quarantaine, attend le retour de son mari. Il arrive avec un cadeau surprise : un porcelet de trois jours. Luisa, attendrie par Rose, un prénom tout trouvé pour une cochette (!), la prend dans ses bras et la couve avec mille attentions. Dans sa jolie villa, en plein pays d’Algarve au Portugal, elle se sent souvent seule. Sandra, sa fille anorexique, psychologue dans une clinique pour adolescents, se noie dans son travail ; Virginia, la seconde, est morte, six ans auparavant, dans le crash du Rio-Paris…    Sophie Carquain (La répétition amoureuse : sortir de l’échec, NB décembre 2010), journaliste, aborde notre rapport au monde animal et au deuil. En alternance, elle met en parallèle les situations des deux femmes que tout semble opposer. La prise de poids en est le fil rouge : privation volontaire et menace de gavage pour les jeunes hospitalisés, engraissement à « des fins charcutières ». La pesée de l’animal rythme les chapitres. Un qui perd gagne inversé. Une approche bien renseignée et bienveillante du mal-être psychique et de ses compensations, de l’absence et du deuil. L’écriture pudique adoucit la réalité par l’humour et la légèreté. (M.-A.B. et F.L.)