En 1992, à vingt-huit ans, égaré et solitaire, il arrive à Rennes après avoir traversé toute l’Europe à partir de la Croatie. Soldat malgré lui, il s’est évadé de l’enfer de la guerre. Il est accueilli dans un foyer où il commence à boire, seul ou avec quelques compagnons. Il suit des cours de français car il est poète, et voudrait gagner le prix Goncourt ! Après quelques flirts, la découverte de Paris, beaucoup d’alcool, il séjourne à Strasbourg où il est invité par le Parlement des écrivains pour écrire un texte qui lui vaudra sa première paye… C’est sa propre histoire que raconte Velibor Čolić (Ederlezi : comédie pessimiste, NB septembre 2014), né en Bosnie en 1964, réfugié en France après avoir déserté l’armée bosniaque. Ce récit, parfois décousu, vole d’une ville à l’autre en passant par Prague et Budapest (où il se sent beaucoup mieux qu’en France), d’un amour, d’une amitié, d’une errance à l’autre. Dans un français parfait, souvent l’apanage des écrivains étrangers, le sort des exilés est dépeint en tableaux juxtaposés avec poésie, humour, ironie amère, dérision, presque légèreté. Un sujet actuel qui ne laisse pas indifférent. (V.A. et E.B.)
Manuel d’exil : comment réussir son exil en trente-cinq leçons
ČOLIĆ Velibor