Manuel El Negro

FAUQUEMBERG David

Quand Melchior l’Espagnol besogneux rencontre Manuel le fier Gitan inspiré, il est fasciné par sa grâce et sa voix bouleversante. Une amitié profonde naît. Melchior travaille dur pour devenir guitariste-accompagnateur du cantador flamenco. Pauvres, ils passent leur adolescence dans les cabarets, écoutent avec respect les anciens et, fous de rythme, se produisent en duo jusqu’à devenir les meilleurs. Commencent alors les tournées triomphales en Andalousie puis dans le monde entier. Devenu le célèbre, El Negro, Manuel s’éloigne de ses racines, perd de son authenticité. Il sombre dans l’alcool et la cocaïne, délaisse son ami guitariste pour d’autres plus jeunes. Cruelle infidélité. Dans Nullarbor (NB juin 2007) David Fauquemberg avait déjà un style haletant. Il prête à Melchior sa plume cadencée, sensible, musicale et visuelle à la fois, qui dessine formidablement la relation des deux artistes, leur passion pour la musique, le chant toujours perfectible, et l’âme de la culture gitane. Le dernier concert organisé par Melchior, où son ami malade donne ses ultimes forces à son public, est particulièrement émouvant. Néanmoins, l’abondance des mots de langue flamenca peut lasser et les explications de solfège pour guitare sont trop techniques. Un récit magnifique qui aurait gagné à plus de concision.