Jérôme a milité pendant une dizaine d’années dans une organisation maoïste. Une fiancée saine, charnelle, l’initie à l’amour, aux plaisirs qu’il s’était jusqu’à présent interdits. Il croit avoir rompu avec son passé mais celui-ci le rattrape : quelques purs et durs continuent le combat et veulent le récupérer, moins par idéal politique, pense-t-il, que par jalousie. Ils en veulent à son bonheur. Paniqué, Jérôme se sent traqué par leur réseau occulte. Il apprend que les services secrets américains infiltrent les organisations gauchistes, utilisent leurs actions violentes pour discréditer les communistes, l’union des gauches. Il se sent un pantin, dépossédé de toute autonomie, manipulé pour jouer un rôle qui ne lui appartient pas. Réaliser que son père fut un collaborateur achève de le déstabiliser.
Morgan Sportès ironise astucieusement sur la langue de bois lénino-marxiste, sur la volte-face spectaculaire des ex-maos confortablement installés dans le pire des conformismes bourgeois. Il promène allègrement son lecteur dans son jeu de pistes, vraies ou fausses, créant un certain suspense, mais le roman finit par déraper un peu dans quelques scènes délirantes et par s’essouffler.