Marchand de liberté, drôle de métier qu’exerce Alexandre Main ! Installé dans un bureau vieillot face à la police, Alexandre vend ses services à un taux d’usurier : il se porte garant de la caution que doivent acquitter les inculpés en échange de leur liberté. Navigant entre le tribunal, la prison et les cabinets d’avocats, il fait tourner son petit business. Sans scrupules, il est prêt à déposséder les pauvres du peu qu’ils ont et magouille avec la mafia. Le métier va mal car les crimes et délits sont en diminution, « l’innocence, c’est mauvais pour les affaires ».
Le ton de Stanley Elkin est vif, insolent pour décrire ce personnage outrancier qui adopte volontiers un langage argotique. On se croirait par moments dans un roman de San Antonio. Est-il si pessimiste sur la nature humaine pour la décrire avec autant de démesure ? Soufflant alternativement le chaud et le froid, il déstabilise le lecteur qui pourrait trouver presque sympathique le héros de ces histoires. L’auteur nous a déjà entraînés dans des situations rocambolesques (Mrs Tes Bliss, NB juin 2002), mais de ce nouveau roman burlesque, écrit en 1973 et récemment traduit, on ressort plutôt fatigué.