En 2015, François Garde (La baleine dans tous ses états, NB mai 2015) retourne à Kerguelen, le plus austral des territoires français, quasiment inhabité. Accompagné de trois compagnons expérimentés, spécialistes de milieux froids et hostiles, il réalise, avec le minimum d’équipement, la traversée de Kerguelen, à pied, de l’extrême-Nord à son extrême-Sud. Mais « rien n’est jamais acquis sans peine », dans cet environnement de Genèse. Vingt-cinq jours d’exposition à l’humidité, aux brouillards, au froid, au silence et à un vent implacable sont consignés dans un journal. Repris sous la forme d’un récit équilibré, sobre et captivant, l’écrivain observe, réfléchit, s’interroge sur cette expédition sans alibi scientifique ou humanitaire. De la monotonie volcanique sépia des paysages du Nord découle une certaine répétitivité descriptive. Pourtant, ne retenant que la sincérité et la vibration de l’écriture, le lecteur vit la « concorde construite » des quatre marcheurs, devient le cinquième équipier. Chacun voit dans l’aventure ce qu’il a apporté : « L’île inviolée est nue. » (R.C.G. et C.R.P.)
Marcher à Kerguelen
GARDE François