Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique)

ESPEDAL Tomas

Jusqu’à l’époque du romantisme, la marche à pied signifiait nécessité, pauvreté, errance, vagabondage. Se promener pour faire de l’exercice physique ou jouir de la nature est un loisir récent. Tomas, romancier norvégien, multiplie les expériences de balades dans son pays et aux quatre coins de l’Europe. Il n’aime pas s’enraciner dans un lieu, une grande maison, une ville, auprès d’une seule femme. L’enfermement étouffe son inspiration. Marcher c’est rêver, se réveiller ailleurs, devenir autre, dépasser ses limites, être libre, faire des rencontres, être seul pour méditer, ou avec un ami pour échanger. Et écrire à chaque étape. Le narrateur est un double de l’auteur (Lettre, une tentative, NB mars 2012) ; un érudit dont le carnet de voyage fait l’éloge de la contemplation, de l’effort et de la vie spartiate. Son cheminement est guidé par des références culturelles, poètes, écrivains, peintres… Les deux parties correspondent à des périples différents où se mêlent souvenirs, descriptions, impressions contradictoires, rencontres imprévues, réflexions philosophiques et citations. S’en dégage le portrait insolite d’un homme vêtu d’un complet veston et chaussé de Doc Martens, serein ou angoissé, solitaire mais curieux de tout. Livre un peu décousu mais attachant.