Margaret Wittgenstein, issue dâune famille viennoise catholique aisĂ©e dâorigine juive, Ă©pouse lâAmĂ©ricain JĂ©rĂŽme Stonborough. MalgrĂ© malheurs et conflits familiaux, elle est indĂ©fectiblement liĂ©e aux siens, son mari instable, ses deux fils, ses soeurs aĂźnĂ©es et frĂšres survivants, Paul, pianiste manchot, Ludwig, philosophe ascĂ©tique, mais aussi Ă ses amis, tel Freud. Non-conformiste, cultivĂ©e, active, Margaret fait construire, restaure, dĂ©core avec un goĂ»t avant-gardiste de magnifiques demeures viennoises, achĂšte maintes oeuvres dâart moderne, reçoit fastueusement lâintelligentsia autrichienne, sâinvestit dans des activitĂ©s caritatives. La crise la ruine partiellement, lâAnschluss et le nazisme la confrontent Ă sa judĂ©itĂ© et lâexilent aux Ătats-Unis. MomentanĂ©ment, lâAutriche restant sa vraie patrie.
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Ursula Prokop tire de lâoubli une belle figure fĂ©minine, plus connue pour le tableau peint par Klimt, que pour son mĂ©cĂ©nat et son rĂŽle social. Elle a utilisĂ© objectivement lâabondante correspondance de Margaret avec ses proches et une bibliographie variĂ©e. Il en rĂ©sulte le portrait contrastĂ© dâune personnalitĂ© forte, parfois pesante pour son entourage, mais sensible, gĂ©nĂ©reuse et intelligente. Et lâhistoire tumultueuse dâune famille intimement mĂȘlĂ©e Ă deux conflits mondiaux calamiteux pour lâAutriche, Ă une profonde dĂ©pression, ainsi quâau bouillonnement culturel et artistique novateur viennois du dĂ©but du XXe siĂšcle. Une biographie remarquable.