Né à Messkirch dans une famille catholique, séminariste, Martin Heidegger mène de difficiles études. Après la Grande Guerre, à l’écart du front, il se consacre à l’enseignement, épaulé par une épouse protestante qui attise sa tendance au nazisme, son opposition à la papauté, et son antisémitisme. Il trouve d’autres encouragements chez certains de ses pairs, ses étudiants et ses maîtresses dont la philosophe Hannah Arendt. Soutien du régime hitlérien, il tentera de retrouver sa dignité, entamée par les suites de la déroute allemande. Universitaire, s’appuyant sur une documentation variée – cours magistraux, ouvrages critiques d’opposants et échanges épistolaires – Guillaume Payen entreprend une étude minutieusement fouillée de la vie et des théories du philosophe, doublée d’un arrière plan historique opportun. Dans cette recherche approfondie des aspects d’une pensée où la doctrine domine les faits, l’emploi, fréquent, de termes vernaculaires pour exposer des idées philosophiques novatrices peut rendre la lecture ardue. La langue utilisée par Heidegger « est obscure » et a fortiori source de divergences. Si l’ensemble donne un résultat complexe, malgré les éclairages bienvenus d’une introduction et d’une conclusion à ce qui est devenu « l’affaire Heidegger », il n’en reste pas moins un objet de réflexion intéressant. (M.Ba. et A.-M.D.)
Martin Heidegger : catholicisme, révolution, nazisme
PAYEN Guillaume