Droguée et amnésique, une très jeune fille est découverte par des promeneurs dans un parc naturel de la Shale River, au nord de l’Hudson. Elle est la nièce de Drewe Hildebrand, célèbre galeriste new-yorkaise et mécène d’une fondation qui reçoit des artistes en résidence, enlevée semble-t-il par le « Mouvement des chrétiens pour la vie », horrifiés et scandalisés par son dernier « happening » avec foetus et organes humains. Le vernissage a été le théâtre d’un quasi lynchage de l’artiste et les oeuvres ont été vandalisées.
Le nouveau thriller de Joyce Carol Oates, sous pseudonyme, est aussi réussi que les romans écrit sous son nom (Coeurs volés, NB janvier 2007). Avec toujours les thèmes de l’innocence et du mal, de la malédiction/rédemption, de la transgression/pénitence, la romancière se renouvelle sans perdre son talent. Drewe, déesse et ogresse, conquiert et délaisse selon son bon plaisir des artistes, amants et filles adoptives, amers et meurtris lorsqu’elle les abandonne. Ce tableau du milieu de la création contemporaine branchée, avec transgressions, outrances, provocations, érotisme, est admirablement écrit.