Août 1936. Dans l’euphorie du Front populaire, Léon Blum a accordé aux travailleurs 15 jours de congés payés. Dans la 301 Peugeot d’Augustin, Mattéo (l’ex-bagnard), Paulin (l’ancien combattant aveugle) et Amélie s’en vont par monts et par vaux. Pique-niques, accordéon, balades les pieds dans l’eau… que c’est bon la liberté ! Cette invasion de la populace n’est pas du goût de tout le monde, surtout si on est bourgeois ou un « ronchon fascisant ». À Collioure, Mattéo retrouve son passé : sa mère aussi revêche qu’accueillante, Juliette son amour de jeunesse, Robert et tous les autres. La guerre d’Espagne est toute proche. Cette parenthèse insouciante peut- elle durer ?
Cette chronique d’un été en apesanteur où soleil, liberté et insouciance ont pu faire croire à un futur serein, et qui n’était en fait que l’antichambre de l’enfer, est très réussie. Jean-Pierre Gibrat est en verve dans ce troisième opus de la série Mattéo (deux sont encore à venir), à la hauteur des précédents. Un scénario admirablement construit, un récit fluide, une iconographie vérité et un dessin toujours délicat sont la marque de son talent.