Kaboul, dans les années 1990. Rassoul l’érudit, alors qu’il assassine une vieille maquerelle, pense à l’histoire de Crime et châtiment : il ne dérobe pas l’argent de la vieille et ne profite donc pas de son crime. Tel Raskolnikov, en proie à une culpabilité qui le ronge et qui n’intéresse personne, il erre dans une ville à l’atmosphère surréaliste soumise aux tirs permanents des roquettes. Rassoul est malade de lui-même, dégoûté par l’odeur putride qui se dégage de cet Afghanistan en déroute où la vie n’a aucune valeur. Pour se délivrer de sa propre souffrance, il cherche à tout prix à être châtié.
Atiq Rahimi (Syngué sabour : Pierre de patience, NB octobre 2008) évoque à nouveau, d’une écriture dépouillée, frappante, puissante et souvent poétique, le chaos de son pays, la situation misérable des femmes, le règne de la délation, de la charia, les assassinats, le mépris de la vie humaine. Magnifiquement inspiré par Dostoïevski, ce livre est le récit d’une quête existentielle dans un monde absurde où la guerre, la terreur et la haine dominent, un monde de désespérance et de souffrance qui hantera longtemps nos mémoires.