Elle s’appelle Alima et raconte sa vie entre Nantes où elle est née et Médéa, la ville de ses racines, au sud d’Alger. Ses parents ont eu cinq filles aux prénoms chantants : Souad, Camélia, Fériel, Dhour et Alima, la seule née en France où son prénom a perdu le H de celui de sa grand-mère. Elle raconte les vacances là-bas, mais aussi le quartier populaire de Nantes, sa MJC, la bibliothèque où elle découvre la magie des livres, l’odeur du pain fabriqué par sa mère, la « paysanne de Médéa » et ce premier jour où le sort de Souad et Camelia est scellé dès l’arrivée en vacances : pour elles, pas de billet de retour….
Ce texte court, écrit pour le théâtre, a la force désespérée de la tragédie : le destin décide du devenir des jeunes filles avec une implacable indifférence, dans cette ville nommée Médée ! Selon une même absurdité, on se soumet, on meurt de s’être révoltée, on échappe, broyée de chagrin, au cauchemar, au hasard de sa place dans la fratrie. Révoltant déterminisme culturel enraciné dans la prégnance absolue d’une culture misogyne. Ce texte qui broie le cœur éblouit par la beauté de sa langue, pudique, concise, qui tisse au français des éclats mystérieux de l’arabe, et ponctue le rythme de la prose de poèmes à chanter, comme ceux qui, en écho, lui font suite. Lire aussi l’excellente introduction qui le précède. (C.B et E.M.)