Voici l’ami Sollers (Portraits de Femme, NB avril 2013) tel quel, dissimulant chaque fin de semaine sa personnalité lumineuse dans un modeste appartement vénitien, loin des hordes touristiques. Dès les premières pages, l’experte masseuse convoquée succombe à sa sexualité rayonnante et Lora, la leste servante de la taverne voisine, s’interroge sur l’intrigant « Professore ». Patience. Tout à ses studieuses et réflexives habitudes, celui-ci écrit, relit Saint-Simon et les anciens textes chinois (citations fréquentes, bienvenues). Il fabrique ses contrepoisons contre la folie ambiante de nos modernes cités ; enseignants, philosophes, vedettes télévisées, journalistes, écrivains y sont anesthésiés par la médiocrité et la bêtise ambiantes, l’humanisme compatissant obligatoire. Pas de noms, suivez mon regard de médium. L’analyse, impertinente, pénétrante, retient comme à l’accoutumée. La nouveauté : Sollers, « décalé, narcissique, jouisseur » mais fatigué, se drogue. Divin produit à doser prudemment, venu de loin, pour lui seul… Entre-temps, Lora capitule, ne s’en marie pas moins. Un bébé naît. C’est la vie selon Sollers, encore une fois.
Médium
SOLLERS Philippe