Un vieil homme, seul dans sa maison des environs d’Alger, se penche sur son passé. Ses trois enfants partis vivre à l’étranger le somment de dévoiler ses dernières volontés et de préparer le partage du patrimoine familial. Grand lettré amoureux de l’écriture, Yahia Ben Amar entreprend de rédiger des Mémoires fort peu aimables où il exprime son amertume de père déçu. Il y dit surtout son attachement indéfectible à Mektouba, la demeure aimée où il veut finir sa vie, envers et contre tous. Héritière dans son enfance algérienne de la culture arabo-islamique, Karima Berger (La chair et le rôdeur, NB mars 2002) utilise ici le roman pour illustrer la confrontation des cultures occidentale et orientale. Le fossé générationnel et l’éloignement aggravent l’incompréhension qui mène au déchirement entre un père, son fils et ses deux filles. Le lecteur est habilement manipulé et hésite longtemps entre accorder sympathie et compassion au vieillard abandonné, ou à ses héritiers, victimes terrifiées de l’orgueil violent et de la crainte du déshonneur d’un patriarche. Au-delà du combat familial se profile un portrait amer de l’Algérie, rongée par la corruption et l’intégrisme. Un récit âpre et désespéré porté par une écriture inspirée. (T.R. et M.Bo.)
Mektouba
BERGER Karima