La mélancolie est une constante de l’esprit occidental. Dans l’Antiquité elle caractérise positivement les sages, et la médecine l’inscrit comme maladie de l’humeur. Au Moyen Âge le christianisme y voit une aliénation liée au péché. À la Renaissance foi et désir de se réaliser cohabitent chez les penseurs et les artistes. Puis le sentiment baroque d’appartenance à la mort envahit jusqu’à la musique. L’homme romantique est plongé dans l’ennui, la soif d’infini et l’attrait du néant. Les rapports de la mélancolie avec l’amour et le temps sont également étudiés. Au XIXe siècle la médecine la réduit à une maladie nerveuse, mais la psychanalyse la replace dans l’unité physique et spirituelle de l’être. Artistes et penseurs du XXe portent cette angoisse existentielle et métaphysique.
Laszlo Földenyi, philosophe hongrois, a écrit plusieurs essais sur la littérature et l’art. Il analyse ici en profondeur l’évolution de cet état d’âme aux différentes époques de notre histoire, ainsi que les oeuvres créées sous l’influence saturnienne. Ce livre est une somme savante tant par les vocabulaires techniques que par les concepts philosophiques utilisés. La mélancolie y est analysée comme constitutive de l’âme européenne et source majeure de la réflexion philosophique et de la création artistique.