Mélanine

THAYIL Jeet

Né à Goa, Francis Newton Xavier a une mère folle, rapidement internée. Élève doué, dessins obscènes dans une institution religieuse, et séduisant « garçon cacao », dans les années 70-80 il fait partie des poètes « météores » géniaux de Bombay. Et puis New York… Ami d’un journaliste indien qui interrogera plus tard ceux qui l’ont connu : Compagnes, épouses, maîtresses… Tableaux et poèmes, célébrité et provocations… mais aussi alcool, drogue, sevrage, rechutes. Quand le 11 septembre le ramène en Inde avec son amie Goody Lol, il a vieilli, désormais hypocondriaque et parfois suicidaire.

Ce deuxième roman de Jeet Thayil (Narcopolis, Les Notes novembre 2013) est un puzzle compliqué qu’on reconstitue non sans hésitation. Très riche, très complexe, très dépaysant – vraiment déroutant dans sa première moitié… Et puis on se glisse dans le moule – si on peut dire – et on s’habitue aux coq-à-l’âne. Les multiples témoignages semblent un peu jetés au hasard, jusqu’à ce qu’une narratrice renoue plus clairement les fils. On apprécie alors une richesse, une poésie, une brutalité, un réalisme… Tout déroute, tout cohabite : l’auteur est devenu un magicien réaliste. Lecture à risque – et à risquer ! (M.-C.A. et A.-M.D.)