Beau gosse, Vidal quitte enfin Medellin pour vivre à Paris, devient homme à tout faire d’un riche vieux comte. Afin que Perla, une Colombienne explosive, le rejoigne, il organise un mariage blanc avec le comte. Celui-ci meurt un an après. Vidal, atteint par le sida, disparaît sans rien dire. En attendant son retour, Perla et sa fidèle domestique errent dans le vaste appartement parisien, désemparées, se chamaillant et buvant sec pour tromper l’ennui et les tracasseries de Clementi, le neveu boiteux du comte qui les accuse de captation d’héritage.
Ce mélodrame baroque, aux multiples personnages truculents, excessifs et sans scrupules, est étourdissant. Le narrateur glisse constamment, sans transition, du présent (six mois après sa disparition) à diverses strates du passé, à l’image des collages que réalise Perla, mêlant allègrement les photos des vivants et des morts. En filigrane apparaissent aussi le visage de la Colombie, sa corruption, ses pauvres déjà évoqués dans Paraíso Travel (NB mars 2004) et le destin tragique d’un homme, abusé dans son enfance, maintenant traqué par la maladie. Ce roman à l’écriture dense, sensuelle et d’une crudité frisant l’impudeur semblerait noir, si l’imagination débridée de l’auteur ne lui insufflait une vitalité extraordinaire.