Au début du XXe siècle, à Paris, l’hôtel Salignac est le must des maisons de passe pour messieurs nantis amateurs de travestis. «La plus belle poule du poulailler», Dédée, ex-Dédé, a ses habitués et tout va bien jusqu’à l’assassinat de plusieurs pensionnaires. Les meurtres portent deux signatures : une médaille de la Vierge est placée sur le corps et ces « demoiselles » sont émasculées. Dédée, aidée du médecin légiste, enquête. Àgée maintenant de quatre-vingt-trois ans, elle raconte ses souvenirs. La perversité et la violence sont absentes de ce roman rocambolesque, où Brigitte Aubert (La mort au festival de Cannes, NB septembre 2015) dévoile les multiples facettes de son écriture : elle amuse et semble s’amuser elle-même, à transformer un thriller en comédie. Dans l’atmosphère de la Belle Epoque, elle décrit des hommes aux chapeaux melon, plutôt ridicules dans leurs visites secrètes aux harems à deux entrées, et des filles à la langue gouailleuse et bien affilée. Quant aux crimes, sanguinolents et dégoulinants à souhait, elle les noie au milieu de commentaires désinvoltes à l’argot savoureux. Mais le mal se cache bien quelque part : dans les sacristies et chez les dames d’oeuvre ! Un livre enlevé, distrayant mais assez superficiel. (V.M. et B.T.)
Mémoires secrets d’un valet de coeur
AUBERT Brigitte