Sur un quai glacé de gare, une femme attend un train qui tarde… Se mettent alors à tournoyer et bruire des ombres et des voix qui engagent avec elle un dialogue hors du temps. Progressivement, des bribes de son histoire de fille d’immigrés juifs-polonais sont ramenées au jour. Pour lui garantir un avenir de liberté, sa famille, arc-boutée sur l’effort de subsister, a cru bon de mettre le passé sous scellés. Mais, peut-on, sans préjudices, effacer ses traces ? Aujourd’hui elle rebrousse chemin vers une ville des environs d’Auschwitz, en quête de son origine…
La mémoire, le relais des générations, le poids des héritages, l’impossible oubli, autant de questions au coeur de ce roman. Rappelant Caspar-Friedrich-Strasse (NB mai 2002), c’est encore du couple Histoire-mémoire que se préoccupe l’auteure. Dans une prose poétiquement modulée et une composition recherchée, affleurent, avec finesse et profondeur, les points ambigus de rupture et de transmission de lignages douloureux. Un livre exigeant.