Réédition d’une BD à la saveur incomparable. L’aspect vieillot du graphisme et des couleurs pourrait rebuter et, pourtant, dès les premières pages, on est pris par l’humour et la vérité, malgré leur laideur, de ces personnages de papier. Le professeur Gohar a renoncé à son poste universitaire pour vivre, dans la pauvreté, de pain et d’un haschich qui lui est fourni par Yeghen. Ce poète d’une extrême laideur surmonte l’abjection de son destin avec un humour caustique. En état de manque, Gohar tue sans motif une jeune prostituée dans l’établissement où il joue le rôle de scribe. Le commissaire Nour El Dine enquête. Tourmenté, assumant mal son homosexualité, il est fasciné par la sagesse de Gohar qui a cessé de prendre au sérieux ce monde dérisoire et sordide, pour accepter la vie avec une simplicité souriante.
Discutable sur le plan esthétique, cette BD conserve la profondeur et la drôlerie- tour à tour féroce et bienveillante- du roman de Cossery, dont elle constitue une adaptation magistrale.