Dans le centre pour enfants « cabossés » où elle suit sa scolarité, Mercedes ne prononce pas un mot. Si elle est muette en classe, à la maison, elle parle haut et fort pour inciter sa mère à réagir, à ne pas se laisser frapper par un mari violent, à ne pas sans cesse lui trouver des excuses. Incapable de se confier à quelqu’un, Mercedes prend un jour une grande décision. Elle sort dans la rue armée de trois marqueurs et « tague » partout où c’est possible une phrase qui la libère.
Tour de force que d’évoquer en si peu de pages les violences conjugales et leurs répercussions sur le psychisme enfantin. La brièveté a un effet coup de poing et évite tout misérabilisme. Les problèmes ne sont pas tous résolus à la fin, loin de là, mais du haut de ses dix ans, l’héroïne est parvenue à sortir de son silence et à lancer un cri d’alarme. Aux adultes de l’entendre. Quant aux enfants du même âge, difficile de savoir l’impact de cette lecture sur eux.