Khaled quitte Benghazi pour lâuniversitĂ© dâĂdimbourg. Il se lie avec Mustafa, libyen aussi, qui lâentraĂźne Ă Londres manifester devant leur ambassade contre Kadhafi. Tous deux sont touchĂ©s par des coups de feu, Khaled gravement. Il ne peut alors ni revenir en Ăcosse, ni dans son pays. Il finit par reprendre ses Ă©tudes de littĂ©rature anglaise Ă Londres et dĂ©croche un poste dâenseignant. Mustafa lây a rejoint, puis lâĂ©crivain Hossam quâil admire, rencontrĂ© Ă Paris. Une profonde amitiĂ© unit les trois hommes. Mais lors des printemps arabes leurs destins se sĂ©parent.
Dans ce nouveau roman de Hisham Matar (Une disparition, Les Notes mars 2012), libyen dâorigine, anglophone, nourri de son passĂ©, deux thĂšmes sâentrelacent Ă©troitement : lâexil et lâamitiĂ©. Souvenirs et rĂȘves envahissent le prĂ©sent du narrateur. Celui-ci apparaĂźt comme trĂšs sensible et incertain : attachĂ© Ă un pĂšre exceptionnel dont il est sĂ©parĂ©, rĂ©ticent Ă sâengager, capable de cacher la vĂ©ritĂ© pour prĂ©server les siens, de sâenraciner seul Ă Londres, ville familiĂšre mais Ă©trangĂšre, dans une existence sans relief, nostalgique du pays natal. Stigmate de ses contradictions, sa blessure a brisĂ© sa vie. Ses deux amis intimes sont trĂšs diffĂ©rents mais tous trois partagent haine de la tyrannie et amour de leur patrie quâils scrutent avec passion. Leurs rapports et sentiments respectifs vus du personnage principal sont dĂ©crits dans un style superbe et prĂ©cis. MalgrĂ© quelques longueurs, un livre brillant et attachant, inscrit dans lâhistoire rĂ©cente de la Libye. (L.G. et A.Le.)