Mes deux mondes

CHEJFEC Sergio

À une date proche de son anniversaire, le narrateur – Sergio Chejfec lui-mĂȘme – assiste Ă  une confĂ©rence dans une grande ville du sud du BrĂ©sil qu’il ne connaĂźt pas. Deux jours s’Ă©tirent entre la foule d’un salon du livre dont il s’extrait au plus tĂŽt, et la marche en solitaire dans le grand parc verdoyant qu’il a repĂ©rĂ© sur un plan. Car rien ne lui est plus nĂ©cessaire que le vagabondage, en milieu urbain ou sur les sentiers dĂ©laissĂ©s. Un pas devant l’autre et l’aventure peut commencer : la promenade, ou plutĂŽt l’errance Ă  laquelle il ne rĂ©siste pas, lui permet d’ouvrir la voie aux divagations, de passer inaperçu, voire devenir un autre, ou mieux n’ĂȘtre personne. Ceci convient Ă  son caractĂšre distrait, timide et indĂ©cis, enclin Ă  la mĂ©lancolie, Ă  la fois curieux et blasĂ©, dont la capacitĂ© d’Ă©tonnement s’est Ă©moussĂ©e au fil du temps. Et pourtant, il est toujours attirĂ© par le minuscule et l’Ă©phĂ©mĂšre, autant que par le flux des souvenirs ou la rĂȘverie. EntourĂ© de prĂ©sences innombrables, fantĂŽmes, doubles ou spectres du futur, sachant que rien n’est jamais sĂ»r, ni saisissable, ni dĂ©finitif, le promeneur avance, dans une Ă©criture lĂ©gĂšre, nuancĂ©e, pleine de fantaisie. Cette intranquille dĂ©ambulation nourrit son soliloque oĂč cohabitent avec subtilitĂ© et un amusement certain tous les contraires. (P.H. et P.E.)