JĂ©rĂŽme Garcin nous confie une rĂ©cente Ă©preuve personnelle : la perte, en lâintervalle de six mois, de sa mĂšre au corps douloureusement rongĂ© par lâostĂ©oporose puis de son plus jeune frĂšre Laurent, quinquagĂ©naire, victime du Covid. Ses deux « fragiles » revivent sous sa plume Ă travers leur histoire personnelle et familiale.
Lâauteur (Le dernier hiver du Cid, Les Notes, octobre 2019) ne cesse dâexorciser par lâĂ©criture les drames de sa vie comme les disparitions tragiques de son petit frĂšre jumeau Ă six ans et de son pĂšre Ă©voquĂ©s dans ses ouvrages prĂ©cĂ©dents. Le titre de ce dernier rĂ©cit est aussi beau que les deux portraits croisĂ©s : celui du frĂšre vulnĂ©rable, atteint dâun handicap mental : syndrome gĂ©nĂ©tique de X fragile, dĂ©couvert seulement en 1991, qui vit dans son monde, sâexprime dans la peinture de tableaux abstraits et flamboyants, celui de sa mĂšre animĂ©e malgrĂ© les Ă©preuves dâune joie de vivre inoxydable quâelle puise en partie dans lâart et la spiritualitĂ©. Lâauteur restitue dans cet hommage sensible leurs silhouettes, leurs plaisirs et tourments, leur dĂ©pendance mutuelle. Il nous raconte le souci constant voire culpabilisant de les protĂ©ger, le poids bien lourd des deuils successifs, la place de celui qui reste et transmet la mĂ©moire. Chacun pourra trouver des rĂ©sonances personnelles dans ce livre touchant et intime. (A.-M.Gi. et M.-N.P.)