Pour sa plus grande fierté, Gertrude, jeune Anglaise élevée à Paris, a dîné chez Victor Hugo, place des Vosges. Elle vénère ce monstre sacré, altier et bienveillant. Plus tard, mariée, elle le retrouve en voisine à Guernesey. Elle se fait inviter par les deux Adèle, mère et fille, si élégantes, mais recluses dans leur sombre demeure de Hauteville que menace le spectre de la folie. Adolescente, à Trouville, elle a également fréquenté la belle Caroline Flaubert, débuté une tendre amitié avec son frère Gustave, déjà promis à un grand destin. Leur correspondance durera des années. De retour en Angleterre, elle tient à Londres un salon littéraire.
Gertrude, séduisante personnalité, rappelle « pour ses petits-enfants » les souvenirs qu’elle a gardés de Hugo, puis de Flaubert. Découvertes en 2005, ces mémoires retiennent aussitôt, tant par le talent narratif de cette vieille dame que par la notoriété des personnages. La plage, les amitiés, les échanges – et les deuils aussi – font revivre, au plus près des héros, une jeunesse privilégiée au temps de la Restauration et la société française jusqu’aux années 1870. Introduction, présentation des manuscrits, annexes, postface, copieuses notes de bas de page soulignent – pour ceux qui souhaitent approfondir – le travail savant des universitaires qui ont édité le texte. (M.W. et A.Lec.)