L’abandon, voire le meurtre, des bébés filles a toujours été pratiqué en Chine pour assurer aux ancêtres une lignée mâle et aux travaux ruraux une force virile. La politique rigoureuse de l’enfant unique a aggravé ce fléau social. Si le premier enfant (a fortiori les suivants) n’est pas le fils désiré, que faire ? Les orphelinats sont rares et souvent misérables. Les autorités chinoises facilitent maintenant l’adoption par des Occidentaux. Face à cette situation dramatique, les mères biologiques s’inquiètent de la destinée des filles qu’elles ont abandonnées, tandis que ces dernières s’interrogent sur leurs origines.
Ancienne journaliste à Nankin et romancière (Funérailles célestes, Livre du mois de mai 2005), Xinran habite Londres depuis 1997. Elle y a créé une association, « The Mothers’ Bridge of Love » pour aider les enfants chinois et pour bâtir un pont entre culture natale et culture adoptive. Son exposé est clair, bien documenté (nombreuses annexes : lois chinoises sur l’adoption, suicide chez les femmes…), parfois d’une surprenante naïveté. Il s’appuie sur des témoignages -de 1980 à 2007- sobres et émouvants de « mères inconnues » marquées pour la vie par le drame vécu, et aussi de mères adoptives occidentales.