Après avoir fui la Roumanie de Ceausescu, Tania Breitman s’est installée dans une ancienne imprimerie à Montreuil pour sculpter. Elle a abandonné la pierre au grand dam de son galeriste pour s’attaquer à de gigantesques oeuvres en fer. Son mari a jeté l’éponge face à son travail obsessionnel. Sa mère perd un peu la tête. Sa fille va voler de ses propres ailes. Créant sans relâche mais ne vendant rien, elle accumule les dettes. Monsieur Freddy, ancien ouvrier de l’imprimerie, s’immisce discrètement dans sa vie, l’aide et veille sur elle. Mais le temps presse… Avec sa grande connaissance du monde juif, Chochana Boukhobza (Fureur, NB avril 2012) évoque avec beaucoup de sensibilité la vie de l’énergique Tania, murée dans sa solitude par incapacité à évoquer sa douloureuse histoire familiale, lourde de persécutions, de deuils et de séparations. Son combat quotidien avec le fer semble son seul moyen d’expression. Tous les personnages sont liés par leurs blessures, ce qui donne de la consistance au récit. On vit au rythme de l’atelier où tout n’est que résistance, gabarit, soudure, cintrage au service de la création artistique. Beaucoup de force dans ce récit attachant mais à l’écriture un peu trop banale et convenue.
Métal
BOUKHOBZA Chochana