À Budapest entre les deux guerres, la bourgeoisie continue d’oeuvrer pour l’économie hongroise en dépit de ses craintes face aux tensions mondiales. Peter a grandi dans l’atmosphère feutrée, inflexible et cultivée, d’une famille aisée. Il épouse sur le tard une jeune personne de son milieu, désargentée, mais sensible et intelligente. Malgré le désir d’Ilonka de parvenir à l’harmonie conjugale, Peter, prisonnier de son éducation et captif d’un amour de jeunesse, ne s’épanouit pas dans sa vie de couple. Ses silences deviennent pour son épouse une torture que viendront aiguiser les révélations d’une domestique… Chaque personnage de ce drame prend à son tour la parole. À travers ces trois confessions qui s’éclairent réciproquement avec subtilité, l’auteur de L’Héritage d’Esther (Livre du Mois, NB mai 2001) explore la lutte des classes et sonde les âmes de manière magistrale. Dans une écriture de toute beauté, l’écrivain hongrois, mort en 1989, évoque, en contrepoint de ces âpres destins, l’irruption de la barbarie dans un monde raffiné bientôt voué à disparaître.
Métamorphoses d’un mariage
MÁRAI Sándor