Météore

DOLE Antoine

On l’appelait Jérôme ; elle, du plus loin qu’elle se souvienne, savait qu’elle était Sara. On traitait de « lubies » son refus spontané des codes de la masculinité, ses tentatives vestimentaires pour y échapper.  Elle avait 9 ans !  Respectant l’axe narratif de la collection D’une seule voix, l’héroïne de ce long monologue raconte le douloureux itinéraire qui l’a conduite à se donner enfin un corps qui coïncide avec son être. Retour sur son passé, son enfance, son adolescence, tous ces moments où elle s’est cognée à l’agressivité, à la brutalité des autres, ces moments où elle s’est détestée elle-même jusqu’au jour où son mal-être identifié en dysphorie de genre, elle a pu enfin affirmer sa féminité. La finesse de l’analyse fonde l’émotion du récit et l’empathie qu’il suscite. Il s’élargit en une réflexion sur le poids des clichés, sur la vulnérabilité de la conscience de soi, sur la difficile définition de l’identité au-delà de l’opposition réductrice du masculin-féminin. (C.B. et A.E.)