Metropolis

KERR Philip

Les suites de la Guerre de 14-18 sont toujours manifestes dans le Berlin de 1928 où dérivent les vétérans traumatisés, handicapés, mutilés et les innombrables prostituées misérables, souvent veuves de guerre ou réfugiées. Bernhard Weiss, juif, chef de la police criminelle, propose au jeune Bernie un poste d’inspecteur et le charge d’enquêter sur le meurtre d’une prostituée, la cinquième qu’on a retrouvée scalpée.

Publié à titre posthume, ce quatorzième tome de la saga de Philip Kerr (Bleu de Prusse: une aventure de Bernie Gunther, Les Notes juin 2018) est, chronologiquement, le premier de la carrière du policier. Berlin, « Babylone » de la République de Weimar, écrasée par le poids de la défaite passée, en est la figure centrale. Mettant en scène personnages de fiction ou réels, aussi bien policiers qu’artistes, souvent juifs et menacés comme tel : Philip Kerr peint un monde complètement décomposé où s’affrontent communistes et nazis et où souffrent les plus pauvres. Fritz Lang et sa femme Théa von Harbou, auteurs de « Metropolis » (1927), George Grosz du mouvement Dada, ou Bertold Brecht avec son « Opéra de quat’sous » apparaissent au fil d’une enquête un peu éclatée mais toujours bien menée. Fin douce-amère d’une série remarquable où la fiction excelle à faire revivre une période particulièrement cruelle. (C.P. et M.Bo.)