Un homme s’avance et monologue au sein d’un fouillis d’objets, dont une machine à écrire Remington qu’il s’applique à démanteler au fil des jours. Il semble se laisser entraîner par la langue, par un flot de mots qui s’enchaînent, se répondent, d’expressions synonymes en allitérations, jeux sur les sonorités ou le sens – comme divaguerait un esprit qui saute du coq à l’âne en fonction des sollicitations extérieures et des correspondances intérieures. Il s’en dégage l’impression du bilan d’une vie, ou d’une humanité, envahie par les machines, soumise au conformisme obligatoire, à la consommation. Peu à peu émergent, du bric-à-brac mécanique de l’accumulation des mots savants ou populaires, des références en tous genres, quelque chose de plus humain et personnel : livres, anecdotes et souvenirs prennent progressivement l’avantage ; l’esprit a pu se purger, filtrer ce qui lui était étranger, hostile. Ce monologue de théâtre avec didascalies touchera les amoureux des mots en liberté, sensibles à la poésie ludique d’une prose inventive dont le sens n’est pas livré sur un plateau. (M.D. et C.B.)
Micmac Mécanic
AIROLDI Serge