Minuit à Atlanta

MULLEN Thomas

Dans cette ville du Sud des États-Unis, la population noire de Darktown est encadrée par une police noire, dirigée par le lieutenant – blanc – McInnis. Lorsqu’Arthur Bishop, patron d’une presse noire pour les Noirs, est assassiné dans son bureau, Smith, ex-policier devenu journaliste, retrouve ses anciens réflexes de flic. Avec de nombreuses bonnes volontés, dont son ami Boggs, fils de pasteur appartenant la bourgeoisie noire éduquée, ils s’efforcent de résoudre ce meurtre. Et à Montgomery, le boycott des transports publics va dévoiler la personnalité de celui qui n’est encore que le pasteur Luther King Jr.

Au cours des enquêtes, interrogatoires, fausses accusations, interpellations et révélations sur la vie privée des personnages, le roman policier se double d’un essai sociologique où la fiction s’inscrit dans la réalité historique. Chasse aux sorcières – Bishop était communiste – implication du FBI, Blancs haineux – certains aussi pauvres que les Noirs démunis –, destruction du Darktown au profit d’un promoteur blanc et réponses violentes à la promulgation, en 1956, des premières lois antiségrégationnistes. L’auteur (Les Protecteurs, Les Notes décembre 2014) clôt sa trilogie policière par ce dernier volet bien écrit, bien mené, aux intrigues rythmées et aux caractères finement analysés. Il entrevoit un monde où l’incompréhension de l’autre commencerait à se craqueler avec l’apprentissage fortement contraint de la tolérance.  (A.C. et B.T.)