Mirabelle Prunier

MEUNIER Henri, CHOUX Nathalie

Mirabelle Prunier ! Faut-il être sot pour baptiser sa fille Mirabelle quand on a pour nom Prunier ! Mirabelle est vite la risée de son entourage mais elle fait face : ni larmes, ni violence ; elle oppose à la sottise de ceux qui la maltraitent, le choix de l’isolement et la fierté de son identité. Mirabelle s’allonge dans l’herbe d’un bout de terre stérile et… prend racine. Le temps aidant, elle devient arbre, porte fleurs et donne fruits.

Une fable, un conte, cette histoire tient des deux, Henri Meunier traitant du harcèlement et de l’exclusion des enfants en tournant le dos au réalisme vite moralisateur ou tire-larmes des « vie quotidienne » qui traitent du sujet. L’imagination est le maître-mot de ce récit intelligent, subtil, qui montre comment inverser un destin malheureux, comment faire d’un handicap un outil de réussite : la petite fille moquée offre, en souriant à la vie, ses branches chargées de fruits juteux. Une revanche certes, mais sans rancune ni amertume vaine, à l’égard de « ses bourreaux, ses aimés », un hymne à la vie, à la nature aussi où elle s’est réfugiée et qui l’a aidée à grandir. Belle leçon de vie métaphorique, idéalisée mais pourquoi pas ?   L’illustration, simplement figurative, accompagne un texte aux qualités littéraires incontestables, délibérément précieux et parfois inaudible pour des enfants.(C.B.)