Trente petites histoires muettes mettent en scène, sur le ton du Grand Guignol, Mister I, petit ectoplasme, souple comme un chamallow, quatre bâtons pour membres. Cet anti-héros a tout pour déplaire. Mauvais garçon, brutal, cossard, il tente de piquer – sans se brûler – les gâteaux du four ou de s’emparer du faisan qu’il n’a pas tué. Il faut dire que ses adversaires lui rendent la monnaie de sa pièce : accusations mutuelles et coups bas pleuvent. Toutes les tentatives pour s’emparer du bien d’autrui se terminent généralement dans une flaque de sang. Parfois, les choses elles-mêmes se vengent.
Un peu de scato, bien maîtrisé, et l’on s’amuse de cet humour noir, dénonçant l’égoïsme et la violence au quotidien dans la société, et, leurs conséquences. Chaque drame a sa couleur, mais pas question de manquer une des soixante petites cases par page à l’articulation rigoureuse. Malgré la schématisation extrême, c’est éblouissant d’expressivité. Une démonstration magistrale de l’efficacité du dessin, quand, spontanément, le lecteur croit lire des dialogues inexistants.