Une couverture noire où ressort le visage impassible, les yeux lointains et la moue désabusée, à côté de la silhouette d’Anubis, le passeur des morts. L’éclat blanc du nom Mitterrand et, en lettres de sang, Requiem s’affichent. Que réserve Callède dans ce roman graphique de 138 pages ? Un récit fantastique ? Une hagiographie pharaonique ? Eh bien non, plutôt la méditation d’un homme dont la mort approche. Sous forme de dialogues avec des interlocuteurs imaginés : Anubis, Jaurès au Panthéon, son médecin, son double plus jeune, son épouse, etc, il passe en revue les événements de sa vie et accepte de voir écornée son image ambivalente. Aucune de ses ambiguïtés n’est épargnée, depuis ses convictions et amitiés changeantes pendant la guerre, jusqu’à ses opinions concernant la peine de mort. Loin d’un panégyrique, on assiste à un passage en revue d’une vie très humaine, faite de hauts et de bas, par un homme souffrant dans son corps et encore plus dans son âme, sentant ses capacités physiques se dégrader, obligé d’accepter la dépendance. Arrivent les doutes, le mystère de la mort pour ce puissant qui n’est plus que faiblesse. Toute cette réflexion est accompagnée par un dessin d’une grande intensité, allant toujours à l’essentiel. Une réussite émouvante. (Y.H. et C.D.)
Mitterrand requiem
CALLÈDE Joël