Mo-Mo a perdu les mots dont il était habillé comme tout le monde. Il se sent nu, vulnérable, et les cherche partout, en vain. Pour les retrouver, il s’en va jusqu’au Mot-Zambique. Là, après avoir risqué d’être noyé sous un déluge de mots déversés par un paque-mot, il rencontre une femme-gazelle qui a l’air égarée. Ils escaladent ensemble la montagne des mots jusqu’à la case du Guérisseur de mots, qui soigne les mots blessés, cassés, malades.
Quand on n’a plus de mots pour s’exprimer, quand on les a rendus blessants : l’évocation subtile et poétique du pouvoir des mots dans les relations humaines est abordée à travers des notions et un scénario assez simples. En couleurs chaudes et riches, sur les décors – superbes images entièrement composés de mots minuscules qui s’adaptent souvent à l’objet qu’ils dessinent – les personnages anthropomorphes à la gouache ont des silhouettes souples, fines, stylisées, tantôt simples dans leur nudité, tantôt finement parées de tatouages. Le texte aux accents surréalistes décline les consonances en « mo » sous toutes les formes. Originalité, symbolisme et élégance graphique : ce premier album d’un auteur-illustrateur était prédestiné pour cette maison d’édition qui sait si bien allier poésie et mots.