Montmartre 1917. Amedeo Modigliani, revenant chez lui, éconduit avec rudesse la mère de Jeanne qui tentait de persuader sa fille de quitter son ivrogne de peintre, le rital maudit… Il est outré par l’article d’un critique qui le ravale au rang de dessinateur coloriste sous l’influence de Picasso et Derain. Heureusement Jeanne, son égérie, l’aime même dans la longue et douloureuse déchéance psychique et physique, due à sa tuberculose. Seul Szborowski, son agent, presque son ange gardien, les soutient sans aucune reconnaissance en retour…
Cet album n’est pas la biographie de Modigliani et encore moins une présentation de ses œuvres. Laurent Seksik fait pénétrer dans l’univers perturbé des trois dernières années de ce génie. Le côté sombre, presque sinistre, du peintre s’oppose à l’amour sans limites de Jeanne. Il regrette de n’avoir pu se battre contre les boches dans cette guerre atroce, mais il a l’intime conviction de révolutionner l’art pictural. Le dessin de Fabrice Le Hénanff, réaliste mais à la manière du peintre, est, comme son découpage, merveilleusement réalisé. Il immerge au plus profond des pensées de Jeanne et Dedo jusqu’à leur suicide. Du grand art…