Moi à travers les murs

Quand on l’expédie dans sa chambre, c’est, à coup sûr, pour le punir ou pour l’exclure de plaisirs inconnus qu’il aimerait bien partager ! Il boude, il s’ennuie mais, passé ce préambule de résistance, son imagination prend la relève et transforme l’assignation à résidence en espace de création. Un temps chambre royale, celle de Moi 14, puis terrain d’escalade pour tous les monte- en- l’air, puis chambre noire où faire son cinéma…Au fil des pages, sont déclinées les mille vertus d’une chambre dont l’enfant sortira -métaphoriquement- en devenant adulte: dans cet espace à soi, loin d’être claquemurée, l’imagination s’exerce, se cultive, change de direction à l’envi, stimulée par l’ennui. Pertinente, la réflexion est mise en mots et en images : du « Je » du narrateur au « Moi » du personnage, s’opère le dédoublement révélateur d’une personnalité. Le dessin, stylisé, rend compte des scénographies improvisées ; le metteur en scène est lui-même mis en situation par un astucieux changement d’échelle. Le rêve et le rêveur dans une même page : de quoi intriguer le lecteur. (C.B.)