Moi aussi je sais voler

REED Amy

Deux adolescents en souffrance dans une ville sinistrée. Billy, orphelin, est élevé durement par sa grand-mère. Il résiste grâce à un optimisme que rien n’altère. Sa devise : « ça pourrait être pire ». Pourtant il ne mange pas à sa faim, vit dans une maison délabrée, sans amis, avec pour unique compagnie la télévision et ses émissions de psychologie, et enfin il est harcelé au lycée. Lydia a perdu sa mère, son père tient un bistrot glauque, elle se blinde pour ne surtout aimer personne, car aimer c’est souffrir, et pratique seule et en cachette sa passion, la danse.

Ces deux abîmés de la vie vont se rencontrer et se soutenir l’un l’autre, malgré eux. En matière de sentiments, ils ont tout à apprendre. Le surnaturel s’immisce dans la ville et dans leur vie (Billy est persuadé que sa maison essaie de le tuer, il en devient insomniaque ; Lydia est « harcelée » par une fillette fantôme, la petite fille qu’elle était à 9 ans au moment de la mort de sa mère). Ce roman très dense, raconté en alternance par la voix de Billy et celle de Lydia, tient de bout en bout. On s’attache à ces jeunes et à leur univers peu enviable. La pauvreté, la drogue, le manque d’amour, la musique avec Caleb, le jeune oncle de Billy, la danse, la télévision, les livres (Licornes contre dragons), les minorités raciales, les rivalités de clocher, le besoin de reconnaissance : tous ces angles sont abordés, pour montrer que malgré tout la vie vaut le coup ; elle est ce qu’on en fait, avec l’aide des autres. (A.E. et M.-J.C.)