1945. Orpheline, Liesabeth, sept ans, erre avec son frère et sa soeur aînés à la recherche de nourriture dans les ruines de Dantzig. Arrivée en Lituanie dans un train de marchandises, elle passe d’une ferme à l’autre et travaille dur pour survivre : battue, violée, à moitié noyée, « l’étrangère » doit son salut aux « frères de la forêt », opposants à l’occupant soviétique. Arrêtée pour vol de nourriture, elle est emprisonnée et ne ressort du goulag qu’à vingt-sept ans ! Un mariage malheureux avec un Russe dont elle a une fille, les retrouvailles familiales en Allemagne font d’elle une déracinée. Son sort s’améliore un peu à l’implosion de l’URSS. Ingeborg Jacobs, journaliste allemande indépendante, lève le voile sur le sort de milliers d’orphelins allemands de Prusse-Orientale à la fin de la guerre, les « enfants-loups » livrés à une vie misérable d’errance sur les routes. Liesabeth, rebaptisée Maria pour échapper à la germanophobie soviétique, évoque le désarroi de la perte d’identité et la formidable force de vie qui l’habite. À travers cette biographie chronologique et bien documentée, l’auteur serre de près la réalité, sans pathos et dans un style simple. Un témoignage terrible qui émeut par sa vigueur et son espérance.
Moi, enfant-loup : une fillette allemande dans la tourmente de l’après-guerre
JACOBS Ingeborg