Moi, ma vie et les autres

Le jour de ses soixante ans, Matthew, passablement alcoolisé, a fait scandale en ironisant perfidement sur les participants à la soirée. Quand il perd son travail de trader à Londres, il n’ose pas l’avouer à sa famille. Il ignore sa femme qui cependant le dorlote, il traîne son égoïsme désabusé et son mal-être, ne cherche pas d’autre travail. Se fiant au sort, il mise sur une femme rencontrée quarante ans auparavant pour oublier la City et peut-être changer de vie. Il parcourt la campagne anglaise où elle réside…  Jim Powell dépeint la dérive pathétique d’un indécis – il a toujours remis sa vie au hasard – dont la lente autodestruction est causée ou aggravée par l’ennui mortel éprouvé dans une classe moyenne sans idéal et la cupidité du monde de la finance. Le portrait du héros, sans concession, ne suscite guère l’empathie. La satire est virulente, entre problèmes de couple et sensation d’échec personnel. Parfois répétitif, le long monologue est heureusement relevé par l’autodérision et quelques échanges originaux avec son ancienne amie. Une peinture classique de la dépression contemporaine. (S.La. et M.Bo.)