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Ce recueil de réflexions et souvenirs laisse une impression mitigée. Parlant de Poulenc ou de Schubert, de sa foi en Dieu, du réel et de l’irréel, du mystère de l’âme, de littérature fantastique, Marcel Schneider, érudit, sensible, délicat, intéresse et touche (Cf. Les gardiens du secret, N.B. mai 2001). Cependant, il se met en scène avec une satisfaction trop visible pour célébrer Racine ou Nerval. Quand il évoque ses amitiés privilégiées avec Marie-Laure de Noailles, Pierre de Monaco, Liliane de Rothschild ou autre figure du Gotha, on s’étonne de sa complaisance éblouie à égrener généalogies et titres, propriétés et richesses artistiques. Et quand il insiste avec véhémence sur sa haine de Mai 68, quand il décrit un défilé de larves mi-humaines « sortant de quels égouts, de quels terriers ? » ou quand il prophétise la fin de notre civilisation dans un requiem vengeur, on se dit que cet homme attendant la mort sous le portrait de sa mère aurait dû en effet naître beaucoup plus tôt, non pas du côté des terriers mais de celui des châteaux.