Née en 1896 à Udine dans une famille ouvrière, Tina Modotti émigre aux États-Unis. D’abord couturière, elle devient mannequin, puis actrice, avant de découvrir la photographie, aux côtés d’Edward Weston. Fascinée par les mouvements révolutionnaires, elle s’installe au Mexique, fréquente les milieux artistiques et s’engage en politique. Sa réputation de beauté sculpturale, dépravée et communiste lui vaut d’être expulsée du Mexique. Après une vie d’errance dans l’Europe tourmentée des années 20, elle rejoint Moscou et devient agent secret au service de l’Union Soviétique.
Dans cette nouvelle biographie, Gérard de Cortanze (Femme qui court, NB mars 2019) dresse le portrait d’une femme passionnée, séductrice, libertaire et libertine, qui a choisi son destin de photographe et de révolutionnaire. Cet ouvrage très riche témoigne, avec un luxe de détails parfois fastidieux, de l’évolution d’un monde qui bascule : l’émancipation des femmes, la naissance du photojournalisme, l’ébullition artistique et politique du Mexique des années 20, l’emprise des réseaux du Komintern et le carcan stalinien des années 30. L’engagement dans la guerre d’Espagne, la crainte des mouvements révolutionnaires et la menace du fascisme en Europe sont également au cœur de cette traversée originale du monde compliqué de l’entre-deux-guerres. (A.-M.G. et B.T.)