« Nous sommes assis, mon ami Junger et moi-mĂȘme dans un bucolique petit jardin public. Nous regardons passer les filles en faisant des commentaires salaces qui nous font beaucoup rire. Des fois, on siffle. (âŠ). Câest bien. Ce nâest pas super, mais câest bien. Au moins, nous ne risquons rien. ».
Qui est Junger et qui est le narrateur de ces « brĂšves » irracontables tant les sujets abordĂ©s sont tĂ©nus ? Ătrange, ce Junger qui ne prend jamais la parole, qui nous est « raconté » dâune voix libĂ©rĂ©e de tout affect facile, Ă moins quâil sâagisse dâun Ă©lĂ©gant soliloque sans destinataire. Mon ami Junger est-il un autre, bien « rĂ©el » ? Ce couple Ă©tonnant rappelle les deux compĂšres imaginĂ©s par Beckett, insĂ©parablement unis dans leurs solitudes respectives et attendant Godot. MĂȘme pudeur Ă dire la tendresse, mĂȘme retenue dans la charge grinçante contre la sociĂ©tĂ©, mĂȘme humour pour ne pas larmoyer Ă chaque fausse note de la vie. Un petit livre inclassable qui ne prĂ©tend pas Ă la profondeur mais quâon offrira volontiers pour le plaisir de ses histoires courtes, amusantes, spirituelles et qui font mouche car, dit la quatriĂšme de couv, « Mon ami Junger souffrent de nâĂȘtre quâun ». (C.B. et M.-T.D.)