Depuis que Mamiette est morte, une ombre grise suit l’enfant – celle de son chagrin éléphant, un chagrin gros comme ça qui l’écrase, mais aussi lui change les idées. Ensemble ils chantent la souris verte ou miment la chanson quand les parents s’offusquent de ces débordements déplacés au retour du cimetière. Peu à peu l’éléphant, d’abord rassurant, devient encombrant : il gêne les mouvements de l’enfant pendant une partie de foot, il perturbe sa récitation. Face au deuil, au chagrin, au retrait de la vie de tous les jours, c’est une vraie thérapie que l’ami imaginaire propose; il chante et joue avec lui en rapetissant, laissant la place aux souvenirs de la vie heureuse avec Mamiette, le mercredi, avant d’aller au centre aéré. L’illustration très graphique déploie des couleurs fortes et joyeuses où l’éléphant, dans les pages de garde, semble sortir d’agrès aux droites géométriques. Quand le chagrin est maîtrisé, que le bonheur revient, le pachyderme reprend une taille plus modeste, simple doudou qu’on met dans sa poche. Et retourne aux entrecroisements de lignes aux couleurs primaires. Sobre, délicat, un moment douloureux évoqué avec tendresse. (R.F.)
Mon chagrin éléphant
ROUMIGUIÈRE Cécile, MATOSO Madalena